Pourquoi est-il difficile d’écrire un carnet de voyage ?
Le carnet de voyage moderne comme on le connaît est le récit de vos voyages, de vos expériences, de vos découvertes et souvent proche du journal intime. Cependant, quand on le commence, il arrive bien souvent qu’on ne le finisse que très longtemps après… ou pas du tout.
Les carnets scientifiques
Le carnet de voyage tire son origine du carnet du scientifique naturaliste du XVIIIème siècle. Prenant la forme d’un herbier, d’un journal de bord ou d’un journal d’exploration, le carnet de voyage du naturaliste rassemble des dessins, des feuilles, des plantes, des fleurs et autres informations savantes. Le scientifique ne fait pas part de ses impressions, pour rester objectif, mais se contente d’observations factuelles et concrètes.
L’inspiration des carnets de voyage d’artistes
Le carnet de voyage moderne, c’est-à-dire fait de dessins, croquis et autres esquisses accompagnés de textes et réflexions personnelles, naît véritablement grâce aux artistes. Le courant de l’orientalisme (XIXème siècle) a en effet inspiré de nombreux aventuriers dans une quête de découverte de l’inconnu et d’exotisme.
On peut ainsi prendre l’exemple du peintre Eugène Delacroix (1798-1863), qui pendant son voyage au Maroc en 1832, a rassemblé toutes ses impressions – écrites et dessinées – dans des carnets de voyage. A son retour en France, ce sont ces carnets qui lui ont permis de peindre plus d’une soixantaine d’œuvres inspirées par son séjour marocain.
De même, l’artiste Paul Gauguin (1848-1903) a tenu pendant 3 ans un journal – carnet de bord – carnet de voyage (Noa Noa, voyage à Tahiti, 1891-1893), témoignage de son – long – séjour en Polynésie française et inspiration de son univers pictural.
La régularité, principale difficulté
Si des scientifiques et des artistes utilisent le carnet de voyage comme une source d’inspiration pour leur travail, pourquoi ne pas en faire autant lorsque l’on voyage ?
Un des principaux problèmes auxquels font fassent les voyageurs qui veulent raconter leur périple est la régularité. Ecrire tous les jours son ressenti et ses expériences peut paraître et simple et ludique au début, lorsque la routine du voyage ne s’est pas encore installée. Au fur et à mesure du séjour, la lassitude arrive et on n’a plus envie d’écrire, de suivre cette discipline que l’on s’est pourtant engagée à tenir.
L’assiduité est toutefois la clé du carnet de voyage car elle permet de faire un compte-rendu quotidien de son expérience dans un environnement étranger. Suivre cette rigueur, c’est aussi limiter les occasions d’oublier des éléments lorsqu’on se décide finalement à rattraper le retard dans son travail d’écriture. Le récit est alors composé de souvenirs plus ou moins lointains, et risque d’être déformé pour respecter une certaine continuité.
Il faut aussi penser à collecter des objets, des tickets de transport, des extraits de journaux… tout un tas d’informations et de matières pour garnir votre carnet de voyage.
La spontanéité peut être un blocage
Le but premier du carnet de voyage est de faire part de ses impressions et de ses expériences. Il s’agit donc d’un récit personnel qui n’est pas vraiment destiné à tout le monde – nos proches, des inconnus et encore moins au grand public !
Bien que des carnets de voyage plus professionnels sont édités et vendus, ils ne reflètent pas cette spontanéité que le voyageur recherche en notant des détails qu’il vient de remarquer et dont il souhaite garder une trace. Le carnet de voyage est souvent uniquement réalisé pour soi-même. Il s’agit de l’écriture privée du voyageur, qui se révèle parfois indéchiffrable pour garder cette part de secret.
Le carnet de voyage ne s’adresse pas à tout le monde !
Si vous êtes assidus dans votre écriture, alors peut-être pouvez-vous prétendre à écrire un carnet de voyage. Toutefois, le carnet de voyage s’adresse généralement plus au « voyageur » et non au « touriste ».
Le voyageur est à la recherche d’expériences et de découvertes, qu’il peut ainsi retranscrire dans son carnet. Il souhaite se rapprocher de la population locale, des traditions et de la vie quotidienne pour se démarquer du touriste lambda. Son carnet de voyage regroupe alors récits de rencontres, recettes de cuisine, descriptions de paysages, etc.
Nos conseils
Bien plus qu’un simple récit, le carnet de voyage est une trace que l’on garde de notre expérience, le souvenir d’un moment passé et même un témoignage de nos réflexions à un moment donné de notre vie. Il peut aussi servir d’archive personnelle et être légué à d’autres générations. Alors il faut bien le choisir !
Si vous souhaitez vous lancer dans cette aventure, plusieurs possibilités s’offrent à vous :
- Choisir un petit carnet (format 9 x 14 cm) : souvent plus pratique à transporter, il est moins adapté aux longs voyages.
- Choisir un cahier carton A5+: plus rigide et plus épais, ses 144 pages vous permettront de réaliser de nombreux croquis, de coller plus de contenus pour partir encore plus loin et ne pas être à court de ressource.
- Choisir un cahier souple A5+: fin et léger, il attend simplement qu’on le remplisse !
Sources : Stéphane Courant, « Backpackers et carnets de voyage, récit biographique d’une expérience itinérante », Téoros [Online], 32-1 | 2013, Online since 15 décembre 2015, connection on 24 juin 2022. http://journals.openedition.org/teoros/2393
Nathalie VUILLEMIN, « Comment lire le carnet de voyage scientifique au xviiie siècle ? », Viatica [En ligne], 5 | 2018, mis en ligne le 10 février 2021, consulté le 27 juin 2022. URL : http://revues-msh.uca.fr/viatica/index.php?id=863
http://www.musee-delacroix.fr/fr/collections/souvenirs-du-maroc/
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